Haïku : la règle du "5-7-5", comparatif

Haïku : la règle du "5-7-5", comparatif

Comparatif : règle du "5-7-5"

Les documentaires sur la création de haïkus sont bien plus faciles à trouver que ceux sur la poésie, probablement en raison de critères de construction peu nombreux et plus codifiés.

 

La bibliographie Poésie : des haïkus à lire et à écrire en présente plusieurs en fonction des profils de lecteur.

 

L'objet de cet article est de comparer les façons dont la règle du “5-7-5” est abordée dans ces différents documentaires. Les extraits permettent de se rendre compte des niveaux de langage et d'information qui leur sont propres.

Livre jeunesse le plus généraliste

Mon livre de haïkus, Jean-Hugues Malineau, Ed. Albin Michel jeunesse, p. 44

Mise en page aérée, illustrations pastel qui n'écrasent pas les textes, nombreux exemples de haïkus, conseils clairs, applicables et bien organisés. Il conviendra aux lecteurs qui aiment aller à l'essentiel.

Trois vers brefs
Je vous déconseille de tenter de respecter rigoureusement le rythme de 5, 7 et 5 syllabes ; de nombreux poètes japonais au cours des siècles se sont eux-mêmes affranchis de cette contrainte. On se contentera d’écrire trois petits vers brefs (une dizaine de syllabes tout au plus par vers, qui parfois peut n’en comporter qu’une) (...) Si l’on se donne un peu plus d’exigence, on peut faire en sorte que le second vers, comme dans le haïku classique, soit le vers le plus long (...). 

Livre jeunesse pour petit budget

Trente haïkus rouges ou bleus, Jean-Hugues Malineau, Ed. Pluie d'étoiles

Des haïkus et quelques conseils de l'auteur. Un format poche en noir et blanc.

2) Sur le plan formel, il ne s’agit pas à priori de respecter nécessairement en français la rythmique propre aux haïku japonais (5, 7 et 5 syllabes) mais de tenter d’écrire son émotion en trois vers brefs le plus efficacement possible.
3) Il est essentiel que l’émotion confiée dans votre court poème soir réellement vécue et non inventée ou imaginée.

 

Livre jeunesse le plus emprunt de culture japonaise

J’écris des haïkus, Véronique Brindeau, Ed. Picquier jeunesse, p. 31-33

Le livre jeunesse le plus emprunt de culture japonaise, tant au niveau des illustrations (elles aussi douces) que du récit documentaire. Ce titre conviendra mieux aux lecteurs qui aiment prendre le temps de lire. Le narrateur tutoie le lecteur.

Ecrire un haïku, c’est comme lancer la petite pierre d’une phrase pour la faire rebondir. Un seul geste, un seul souffle et pourtant trois moments : d’abord 5 syllabes, puis 7, puis 5. Le rythme de la phrase relance tes mots, les soulève, les rend légers. (...) Pour bien compter, souviens-toi qu’une syllabe, c’est un seul son. (...) dans un poème, si un mot se termine par un e à la fin d’un vers, on n’entend pas tout à fait le e et donc on ne le compte pas comme une syllabe. (...) Pour écrire tes premiers haïkus, ne t’inquiète pas si le compte n’est pas parfait ! Le plus important est ce que tu as envie d’écrire. Au début, tu auras parfois une syllabe en plus ou en moins. Le rythme du haïku viendra de plus en plus facilement, sans que tu t’en aperçoives. (...) Et puis, toutes les règles ont des exceptions ! Certains poèmes de Bashô ont un peu plus ou moins 17 syllabes, et ils sont tout de même très beaux. 

Livre-atelier tout public

Des haïkus plein les poches, Thierry Cazals, Ed. CotCotCot, p. 54-55

 Ce titre conviendra plutôt aux lecteurs qui là aussi aiment prendre le temps de lire. Pour les bons lecteurs de collège ou pour le lycée. Le narrateur vouvoie le lecteur.

(1) Un haïku se compose de trois parties, trois vers qui s’écrivent généralement sur trois lignes en français. Attention, il ne s’agit pas de longues tirades interminables, mais plutôt d’éclats de phrases, qui ne forment pas forcément une continuité. Pensez au sushi - et ses lamelles de poisson cru. Le haïku est une sorte de "sushi poétique". On tranche dans les mots pour n’en garder que l’essentiel. La saveur à l’état brut.
L’intensité du goût.
La fulgurante de l’émotion.
(2) Comme tout être vivant, un haïku possède un début (naissance et jeunesse), un développement (maturité) et une fin (vieillesse et mort). Un haïku, c’est la vie en concentré ! Dans sa forme traditionnelle, le vers central comprend 7 syllabes (ou "sons", car la langue japonaise n’a rien à voir avec notre système d’écriture). Les vers du début et de la fin sont plus courts et comportent chacun 5 syllabes. Soit un total de... ? Dès l’origine, ce découpage en 5-7-5 syllabes n’était pas forcément suivi. Il existe bon nombre de haïkus ayant une, deux ou trois syllabes de plus - ou de moins. Le but, toutefois, est d’aller toujours au plus bref.

Livre pour adulte pédagogique

La magie du haïku à partager avec vos enfants, Isabelle Asunsolo, Ed. Leduc.s, p. 37-38

Ecrit pour des parents, cependant,  les enseignants y trouveront de nombreux conseils pratiques pour animer des ateliers de haïkus auprès des enfants.

Une certaine structure.
Dans les langues occidentales, le haïku s’écrit en trois lignes de 5, 7 et 5 syllabes... environ. Au Japon, le haïku se présente sous forme d’une seule ligne verticale de 17 syllabes (un peu plus courtes que les nôtres, appelés ji-on ou mores).
Si j’écris "environ", c’est parce qu’il serait dommage de dénaturer une image ou une émotion en l’obligeant à rentrer dans un moule trop strict.

En français, vous pouvez à votre guise compter les "e" muets ou pas, car il y a, là aussi, une certaine souplesse.
Par exemple, "l’abeille dans mes cheveux" aura six ou sept syllabes selon que l’on comptera ou non le "e" muet d’"abeille" :

 

l’a/bei/lle/dans/mes/che/veux (7)
l’a/beille/dans/mes/che/veux (6)

 

Mais revenons au haïku de Victor. Il est parfait de forme dans sa langue de création, l’espagnol : 5, 7 et 5 syllabes.

 

entre los dedos
sentir el corazón
del saltamontes

 

En français, ses vers sont plus courts : 4,6 et 5 syllabes.


entre les doigts
sentir balletre le coeur
de la sauterelle

 

Certaines langues riches en monosyllabes, comme l’anglais, sont plus propices à écrire court que d’autres.

EN PRATIQUE Je vous conseille de compter les syllabes avec des enfants très petits, qui ont besoin de repères, et avec les haijins débutants. (...) 

Plus tard, lorsque l’enfant sera familiarisé avec la structure court/long/court du haïku, il aura intégré sa forme et n’aura plus besoin de compter.

Ajouter des petits mots tels que "très", "tout", etc. pour coller aux 5-7-5 syllabes, risquerait de donner des poèmes artificiels. (...)

Livre pour adulte le plus pointu

Petit manuel pour écrire des haïkus, Philippe Costa, Ed. Philippe Picquier, p. 38-39

Je l'ai juste évoqué dans la présentation de J'écris des haïkus du même éditeur mais j'avoue ne pas être allée au bout :-). Il ne correspond pas à mon public cible. L'extrait suivant vous permettra de comprendre qu'il est plus adapté en lycée ou à l'université.

Critères de pertinence du haïku et du senryû

Venons-en aux "règles" de composition. En poésie, on hésite à parler de règles, puisque la règle exige la soumission et que la poésie regimbe à toute forme de soumission. Ce qui va donc être énoncé maintenant, en fait de "règles", c’est plutôt un ensemble de moyens ayant valeur de modèle, modèle qui a déjà fait ses preuves et dont on ne voit donc pas pourquoi on s’écarterait, sauf à trouver de nouvelles formes, mais alors au moins aussi efficaces. Plutôt que de règles, Etiemble préfère parler de traits pertinents ou de critères de pertinence, c’est-à-dire de caractéristiques - minimales - qui font qu’un texte peut être appelée haïku. Je le suivrai sur ce point.


Pour éviter les redondances, on partira de trois critères communs aux trois types de poèmes (haïku de circonstance, haïku de saison et senryû), et pour chacun de ces critères, on relèvera les différences selon le type :

 

1. Chaque poème doit être obligatoirement composé de dix-sept syllabes, cependant :
Dans le haïku de saison et le haïku de circonstance, ces dix-sept syllabes, doivent être distribuées en trois séquences de chacune cinq, puis, sept, puis encore cinq syllabes, comme dans ce haïku de circonstance :

 

Au fond du café
ils commencèrent à s’aimer
rue des Feuillantines


Dans le senryû, le nombre total et obligatoire de syllabes est toujours de dix-sept, mais tant le nombre de séquences du poème que le nombre de syllabes par séquence sont entièrement libres. On pourra donc composer un senryû de 8-9 syllabes (comprenant donc deux séquences) ou bien de 7-7-3 syllabes (trois séquences), ou encore de 4-4-4-5 syllabes (quatre séquences), etc., la règle consistant seulement à respecter le nombre de syllabes total, soit dix-sept, comme dans ce senryû mi-satirique mi-grivois en 2-3-6-6 syllabes :


La ban
La banda
la bandaison papa
ça s’commande chez Pfizer